Cotiser pour mourir : à Port-Gentil, le calvaire des assurés CNAMGS privés de médicaments

Depuis plusieurs jours, les port-gentillais assurés à la Caisse nationale d’assurance maladie et de garantie sociale ne sont plus servis dans les pharmacies. Une situation dramatique déplorée depuis plusieurs jours par les habitants de la capitale économique, mais qui pourtant demeure grâce au mutisme des autorités.
La feuille est froissée entre ses doigts. Sur cette ordonnance, quelques lignes écrites par un médecin qui pourraient sauver son fils de la fièvre qui le ronge depuis trois jours.
Mais pour Clémence, ce papier n’a pas plus de valeur qu’une lettre morte. Devant la pharmacie, la porte s’est refermée sur son espoir. Sa carte CNAMGS, autrefois sésame pour la santé, est devenue un symbole d’abandon. « Ils ne prennent plus », lui a-t-on soufflé, presque avec gêne.
Le calvaire de Clémence est le même pour des centaines d’assurés CNAMGS à Port-Gentil. Dans la capitale économique, le pacte social qui liait les citoyens à leur assurance maladie est rompu.
Plus une seule pharmacie, selon les témoignages recueillis, n’accepte de servir les assurés de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale.

Derrière les raisons administratives et les dettes abyssales, il y a des visages, des vies suspendues et une question qui brûle les lèvres, « À quoi bon avoir un médecin si l’on ne peut pas se soigner ? » Demande incrédule, Julien un malade.
Le parcours est devenu un chemin de croix. D’abord, la longue attente au centre de santé pour obtenir le diagnostic. Puis, commence la tournée des pharmacies, un pèlerinage teinté d’une mince lueur d’espoir, vite éteinte.
« On arrive, on tend la carte et l’ordonnance, et on voit le regard du pharmacien changer », témoigne une jeune femme qui préfère rester anonyme. « Certains baissent les yeux, ils ont presque honte pour nous. D’autres sont devenus durs. On se sent humilié, comme si on mendiait. Alors on repart ».
Cette humiliation est devenue le lot quotidien de ceux que le système devait protéger. Les plus démunis, les plus vulnérables, se retrouvent en première ligne d’une crise dont ils ne sont pas responsables.

Pour Clémence, et les autres, leurs cotisations continuent d’être prélevées, mais en retour, ils ne reçoivent que le silence assourdissant des autorités.
Laissés pour compte, ils regardent leur santé se dégrader, avec ce sentiment terrible d’avoir été trahis par la promesse d’une santé pour tous. Une promesse qui, à Port-Gentil, sonne aujourd’hui comme une cruelle ironie.